SALUT L’ARTISTE LUMIERE !

Je suis resté de longs moments devant une page blanche, sonné par ta mort, Sylvie, et en même temps poussé par une irrésistible envie de te parler, toi qui n’est plus corps, mais âme.

Difficile d’accepter la coupure d’avec ta lumière de regard, autant déterminé que rieur. Difficile d’entendre ton silence radical en lieu et place de ton chant et de ta musique. Difficile de se passer de ton humour bienveillant devant nos couacs et nos originalités d’interprétation. Tu résonnais de coups de pouce qui donnaient de l’élan et de la confiance.

La rudesse de ta raideur mortelle infuse en moi une peine mêlée de colère !

Pas contre toi, Sylvie, qui a mené le bon combat. Non, pas contre toi qui ne méritais ni les souffrances et encore moins la mort.  Simplement contre notre insouciance personnelle et collective qui, insidieusement, a anesthésié notre devoir humain de protection des vivants et de toute la création. Ce faisant nous nous exposons aux risques de la maladie.

Quelle est dure à entendre la voix de l’espérance, au creux de la radicalité de ta mort physique qui crée d’abord du vide avant que n’émerge de la brume une autre voie d’échange avec toi.

Bien sûr, tu restes au creux de la vie de tous ceux avec lesquels tu as parcouru des chemins d’amour et d’amitié, de solidarité humanitaire ignorant les frontières.

Ar Vag a eu cette chance d’en bénéficier un bout, trop petit bout de temps !

Sylvie, il me reste de toi ce que tu as donné, au lieu de le garder dans d’illusoires coffres, bien inutiles après la mort ! Il restera de toi ce que tu as chanté, joué, dansé, fait déguster ! Tout cela est cadeau, don gratuit de ton cœur ouvert à tes heures de soleil, comme à celles de tes doutes. Sylvie, tout cela est ta semence !

Comme  pour tous ceux qui, comme toi, sont morts après avoir tant produit de beaux fruits d’humanité, il nous appartient de te rester fidèle en faisant fructifier tes semences.

Ce n’est pas une question de respect mémorielle. C’est la source d’une espérance à creuser pour la faire sans cesse irriguer nos vies.

Pierrick CLOAREC